La pandémie de COVID-19 a eu un effet profond sur les soins de santé généraux. A l’aide du registre ‘FRENCHIE’ établi dans le contexte de notre RHU (WP2), nous avons pu évaluer l’effet du confinement national en France sur les admissions à l’hôpital pour infarctus aigu du myocarde, en fonction des caractéristiques des patients et de la prévalence régionale de la pandémie.
Méthodes
Dans cette étude de registre, nous avons collecté des données auprès de 21 centres participant au registre en cours French Cohort of Myocardial Infarction Evaluation (FRENCHIE), qui recueille les données de tous les patients admis pour un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI) ou un infarctus du myocarde sans élévation du segment ST (NSTEMI) dans les 48 h suivant l’apparition des symptômes. Nous avons analysé les admissions hebdomadaires à l’hôpital sur 8 semaines: les 4 semaines précédant l’institution du confinement et les 4 semaines suivant le confinement. Le critère de jugement principal était le changement du nombre d’hospitalisations pour tous les types d’infarctus aigu du myocarde, NSTEMI et STEMI entre les 4 semaines avant le confinement et les 4 semaines après le confinement. Les comparaisons entre les variables catégorielles ont été effectuées à l’aide des tests χ2 ou des tests exacts de Fisher. Des comparaisons de variables continues ont été effectuées à l’aide des tests t de Student ou des tests de Mann-Whitney. La régression de Poisson a été utilisée pour déterminer la signification de l’évolution des admissions à l’hôpital au cours des deux périodes, après vérification de l’absence de surdispersion. La catégorie d’âge, la région et le type d’infarctus aigu du myocarde (STEMI ou NSTEMI) ont été utilisés comme covariables. La cohorte FRENCHIE est enregistrée sur ClinicalTrials.gov, NCT04050956.
Résultats
Entre le 17 février et le 12 avril 2020, 1167 patients ont été admis consécutivement dans les 48 h suivant un infarctus aigu du myocarde (583 avec STEMI, 584 avec NSTEMI) et ont été inclus dans l’étude. Les admissions pour infarctus aigu du myocarde ont diminué entre les périodes avant et après le confinement, passant de 686 avant et 481 après le confinement (diminution de 30%; rapport du taux d’incidence 0 · 69 [IC à 95% 0 · 51–0 · 70]). Les admissions pour STEMI ont diminué de 331 à 252 (24%; 0 · 72 [0 · 62–0 · 85]) et les admissions pour NSTEMI ont diminué de 355 à 229 (35%; 0 · 64 [0 · 55–0 · 76 ]) après l’institution du confinement, avec des tendances similaires selon le sexe, les facteurs de risque et la prévalence régionale des admissions à l’hôpital pour COVID-19.
Interprétation
Une diminution marquée des admissions à l’hôpital a été observée après le confinement, quelles que soient les caractéristiques des patients et la prévalence régionale du COVID-19. Ces informations devraient aider les autorités sanitaires pour leur permettre d’adapter leur message si la pandémie de COVID-19 persiste ou se reproduit, ou en cas d’épidémies majeures à venir.