Nous savons depuis peu que les cellules immunitaires innées peuvent conserver une mémoire dite ‘hétérologue’ de challenges microbiens ou inflammatoires antérieurs, ce qui leur permet de réagir plus fortement lors de challenges futurs avec des stimuli identiques ou différents. Cet état de réactivité accrue, qui est basé sur la mémoire immunitaire innée épigénétique, est désigné comme « immunité innée entraînée » (ou ‘innate trained immunity).
Dans cet excellent article publié dans Cell, il est montré qu’une TII inadaptée médiée par la BM sous-tend les comorbidités inflammatoires. L’inflammation systémique liée à la parodontite expérimentale chez la souris a induit une reprogrammation épigénétique des progéniteurs des cellules souches hématopoïétiques (HSPC) et a conduit à une production accrue de cellules myéloïdes avec une capacité proinflammatoire augmentée. Le phénotype ‘entraîné’, induit par une parodontite, était transmissible par greffe de moelle osseuse à des receveurs naïfs, qui présentaient une réactivité inflammatoire et une gravité de la maladie accrues lorsqu’ils étaient soumis à une arthrite inflammatoire. La signalisation IL-1 dans les HSPC était essentielle pour leur training inadaptée par la parodontite. Par conséquent, l’entraînement immunitaire inné inadapté de la myélopoïèse sous-tend les comorbidités inflammatoires et peut être ciblé pharmacologiquement pour les traiter via une approche holistique.
Li, X., Wang, H., Yu, X., Saha, G., Kalafati, L., Ioannidis, C., Mitroulis, I., Netea, M.G., Chavakis, T., and Hajishengallis, G. (2022). Maladaptive innate immune training of myelopoiesis links inflammatory comorbidities. Cell 185, 1709-1727 e1718.